Skip to content

Une petite page d’histoire

Sermaize était, dès le XI° siècle, relativement important, mais avait subi vers la fin de cette période, une ruine partielle. Les titres rapportent qu’à cette époque, il était réduit à un petit nombre d’habitants. Son emplacement devait être circonscrit par la rue de Vitry et la rue de Saint-Dizier, à un quart de lieue de l’emplacement de l’ancien Prieuré. Des fossés et des restes de remparts entouraient cette partie, et la rue de Saint-Dizier elle-même (alors rue de la Verrerie) parait avoir fait partie de ces fortifications.

En1093, un Prieuré fut fondé par les moines venus, sous la conduite d’Hunald du monastère de Saint-Oyant ou Eugent (appelé depuis Saint-Claude), dans le Jura, de l’Ordre des bénédictins de Cluny, Prieuré construit sur le bord de la rivière. La charte de fondation par HUGUES, Comte de Champagne, donne à l’Eglise un territoire important, avec le consentement de Gui de Possesse, Hérard de Vitry et Hebert de Givry. Cette charte accordait encore exclusivement aux moines le droit sur les habitants du village, sauf l’obligation d’aller à la guerre, mais seulement lorsque le Comte de Vitry leur ferait appel. La charte précitée donnait encore au Prieuré les terres de Frétigny Durfosse, Renneville, le bois de Luon, et le droit aux habitants de cette  Eglise, ou à ceux envoyés pour habiter ce lieu, de cultiver pour leur usage en tout lieu dans cette forêt sans payer de redevance, avec droit de pâture et de Glandée, et de prendre ce qui leur sera nécessaire pour eux et pour ceux qu’ils enverraient habiter ce lieu. On voit, par ces dernières clauses, si favorables aux anciens comme aux nouveaux habitants de Sermaize, combien ce lieu dût prendre d’importance à partir de cette époque.

En 1187, le Comte de Champagne ayant désiré reprendre le ban de justice, les moines le lui abandonnèrent à condition qu’il ne sortirait jamais de la maison de Champagne, et à charge entre autres choses, par le Comte Henri, de bâtir un nouveau village annexé à l’ancien, avec une halle dont les droits seraient partagés entre le Comte et le Prieuré qui s’y réservait en outre tous les autres droits utiles. Telle dut être l’origine des agrandissements successifs de Sermaize. Les prieurs en étaient les seigneurs territoriaux ; mais le ban de justice ayant été cédé au Comte Henri, il passa aux Rois de France après la réunion de la province de Champagne à la Couronne par le mariage de Jeanne de Navarre avec Philippe le Bel, en 1284. Ces droits de ban et justice, avec le greffe et les amendes, formèrent la maison Royale de Sermaize.

Le domaine du Roi fut engagé par les successeurs de Philippe le Bel, à titre de récompense et pour l’usufruit seulement, à l’un des officiers de leurs armées, ou à d’autres fonctionnaires civils pour services rendus. Mais cet engagement était un droit que les bénéficiaires aliénèrent dans la suite, à titre onéreux.

Depuis le XVI° siècle, on cite comme engagistes de la Mairie de Sermaize, Nicolas BRAUX et Jean LEDUC de Châlons qui cédèrent leur droit, moyennant 150 écus, au Sieur LETREMOL, celui-ci le revendait à son tour, en 1587, à Johanne de BESME, gouverneur pour le Roi de Château de Saint-Dizier, moyennant 1215 livres.

En 1640, les habitants de Sermaize, pour gagner les bonnes grâces de CINQ MARS (Henri de RUZE d’EFFIAT) dont le frère de RUZE d’EFFIAT, était alors Abbé commendataire de l’Abbaye de Trois Fontaines, rachetèrent de leurs deniers, au Sieur de BESME, moyennant 4.000 livres, la Mairie Royale pour l’offrir, à titre gracieux, au favori de Louis XIII dont, malgré sa disgrâce, les héritiers en jouissaient encore en 1680. Elle passa, en 1693, entre les mains de Pierre LANGAULT, seigneur de Marson, Président des trésoriers de France en Champagne.

Au XVIII° siècle, on voit comme engagistes, Monsieur d’HOUDAN, Madame de CHANTERENNE et madame de FREVILLE, ses filles.

Dans la déclaration du domaine du Roi, en 1678, les habitants de Sermaize se disent « NOBLES ROTURIERS », et les rôles annuels ne comprennent qu’une faible partie des habitants d’origine étrangère au pays, qui paient seuls annuellement 150 septiers d’avoine ou 450 livres en argent.

Parmi les prieurs de Sermaize, on compte HUNALD, fondateur du Prieuré ; le moine SIMON qui fit vidimer en 1102 la charte de Hugues de Champagne ; BERNARD qui traita de la justice avec le Comte Henri de Champagne en1183 ; ADON, Abbé de Saint –Eugend et prieur de Sermaize, qui servit de témoin à un acte de l’Abbaye de Cheminon.

JUVENAL des URSINS cite, comme prieur de Sermaize, Guillaume FILIASTRE, chanoine et écolâtre de Reims, qui devint évêque du MANS et Cardinal ; DOM Claude DRULAND, qui intervint dans un compromis avec la même Abbaye en 1472.

On cite au commencement du XV° siècle, un religieux de Cluny, comme dernier prieur régulier.

Puis vinrent les Prieurs commendataires, parmi lesquels on compte DOM BERNIER en 1612, l’Abbé BARTHELEMY. En 1675, le Prieur était le Marquis d’ALLIGRE, conseiller d’état. On trouve encore le nom de Pierre MOREL, chanoine de Notre Dame de PARIS. En 1731, on signal le nom de DUPRE, cluniste. En 1764, le bénéfice passe à l’Abbé Gaspard BARDONNET, prêtre du diocèse de Clermont, chanoine de Metz, ancien chapelain du Roi, grand bailli et gouverneur de la ville de Souvigny, homme dur et batailleur. Il fut le dernier prieur, et laissa à Sermaize une mémoire exécrée. Le prieur levait seul les dîmes sur le territoire, à l’exception des biens possédés par l’abbaye de Trois Fontaines. Le dernier bail était souscrit au prix de 2.500 livres.

Les luttes entre les titulaires de la Mairie Royale, ou les habitants et les prieurs au sujet des droits ou des prétentions de chacun furent nombreuses ; sous le sieur BARDONNET, elles prirent un caractère homérique et ne se terminèrent qu’à la Révolution. Quoiqu’il n’eût point de droit sur la justice du lieu, il intervenait dans toutes les élections, comme dans les causes les plus étrangères au Prieuré, qu’il savait par ses ruses et ses subtilités rattacher à ses intérêts. L’élection des juges et des échevins, à laquelle avaient droit les habitants, était un vain mot ; il faisait ou défaisait tout ce qui pouvait avoir une influence plus ou moins directe sur les décisions de l’administration. Il mourut à Paris, sous l’Empire, mais il avait prévu la déchéance des biens ecclésiastiques en trafiquant d’avance de tous ses droits.

Querelleurs et grossiers

On peut lire, dans les archives, qu’au XVIII° siècle, les habitants de Sermaize étaient grossiers, querelleurs, impatients du joug et toujours en révolte contre les représentants de l’autorité.

Les deux causes principales :

Au milieu du XVI° siècle, époque où son prieuré fut mis en commende, la communauté d’habitants eut de continuels procès à soutenir contre les prieurs bénéficiaires, qui étaient les seigneurs de Sermaize car, malgré la charte du commencement du XII° siècle, dite « d’affranchissement », le roi, successeur des Comtes de Champagne, n’avait que le ban et la justice ; les moines ayant conservé tout le domaine territorial et utile.

En second lieu, avant la réunion de la Lorraine à la France, en 1766, Sermaize pays frontière, était un foyer de contrebande où la fraude sur le fisc se pratiquait à grande échelle.

Après que ces causes de désordre aient disparu, les habitants sont devenus polis et affables pour l’étranger ; l’instruction s’est suffisamment développée. Cependant, la ville de Sermaize dont les habitants prétendaient encore, avant la Révolution, être tous nobles, n’est point administrativement plus qu’un simple village. Sa position peu centrale par rapport à la division cantonale fit, que lors de la Constitution de l’an VIII, on la déposséda du titre de chef lieu de canton, pour en gratifier le petit village de Thièblemont.

LA REVOLUTION

En 1789, Sermaize compte 1600 habitants répartis en 360 ménages. Le prieur titulaire Gaspard BARDONNET a accumulé des biens au détriment de la population.

C’est à Sermaize que les maladies et la mortalité infantile sont les plus fréquentes. Un procès intenté par le prieur a privé la communauté des 2/3 des bois et en hiver, les malheureux éprouvent d’énormes difficultés à se procurer du bois pour se chauffer. En plus, le prieur s’est fait adjuger une redevance annuelle de 4 boisseaux (environ 50 litres) d’avoine par ménage.

Les grands résultats de la Révolution :

  • chute des ordres privilégiés,
  • égalité des droits civils entre tous les citoyens,
  • changements opérés dans l’administration communale.

L’Abbé BARDONNET prieur commendataire seigneur territorial, fut dépossédé de ses titres et de ses droits, mais il avait pris ses précautions ; gros propriétaire il se hâta de vendre ce qu’il avait en propre à Sermaize, à Remennecourt et à Pargny et réalisa un très beau bénéfice. Les engagistes de la Mairie Royale furent également dépossédé de leurs titres et de leurs droits.

Les habitants, mécontents du régime auquel les avaient soumis le dernier prieur, provoquèrent avec la Nation un nouveau partage des bois communaux; sans avoir ce qu’ils demandaient, ils furent tout de même plus favorisés et depuis ce temps, la commune possède en propre 174 ha de bois.

Les autres biens nationaux consistant principalement dans les biens du prieuré, les biens des l’Abbayes de Cheminon et de Trois Fontaines et de l’église de Sermaize furent vendus aux enchère. La ville ne fut pas plus exempte que les autres localités de quelques désordres locaux. L’Abbé Alexandre – Bonaventure DESPREZ, dernier curé, avait adopté les idées révolutionnaires et prêta serment à la constitution civile du clergé. Il exerçait en même temps les fonctions d’officier public et ministre du culte catholique. Il se marie, le 28 brumaire an II, à la Mairie de Sermaize avec Marie Jeanne Agathe AUBE, fille du chirurgien AUBE ; Le même jour, en sa qualité d’officier de l’état-civil, il unissait son ami le citoyen LORCET, ex-prieur de l’Abbaye de Cheminon, avec la fille du citoyen RUINET, percepteur. Arrêté le lendemain de Noël, DESPREZ est incarcéré d’abord à la prison de Vitry, puis de Châlons, Sézanne et Paris. Il écrit alors à ROBESPIERRE avec qui il s’était lié d’amitié alors qu’ils étaient étudiants à Louis Legrand. Il est épargné et sort de la maison d’arrêt du Plessis, dite « Egalité », le 24 octobre 1794. Rentré à  Sermaize, il devient secrétaire de mairie, puis juge de paix et le 17 janvier 1799, répartiteur. Il se retire à la Ferme de Beaulieu puis à Chancenay et enfin à Vitry le François où il s’éteint le 22 novembre 1840.

Quant au citoyen LORCET, il semble avoir acquis une grande habilité dans les affaires dans sa charge monastique (procureur de l’Abbaye de Cheminon). Il partage avec ses confrères tous les objets du culte et produit de la vente du bétail de l’Abbaye. Il achète avec le prieur de Cheminon Joseph HENET et un moine Nicolas CUREL, une maison à SOUILLY où ils emportent plusieurs objets religieux, dont une croix reliquaire d’art mosan, qui est conservée au Presbytère de SOUILLY, puis le 10 février 1791, ils achètent le prieuré de Sermaize. Accusé d’être traître à la Nation, il est arrêté le 7 février 1794, ainsi que Barthélemy RUINET, Jean Rémi RUINET et Claude SAUVAGE. Le citoyen LORCET comparait fin mars 1794 au Tribunal Criminel de la mairie. Plus de 55 témoins sont cités à la barre dont de nombreux Sermaiziens, 3 laboureurs de Blesme, 1 de Ponthion et 7 de Bignicourt sur Saulx. Implacables les juges marnais renvoient les accusés au Tribunal révolutionnaire de Paris. FOUQUIER-TINVILLE prononce son réquisitoire le 10 juin 1794. LORCET, SAUVAGE et Jean Rémi RUINET sont condamnés et guillotinés 3 jours plus tard sur la place Porte Saint-Antoine, aujourd’hui Place de la Bastille. Seul Barthélemy RUINET fut acquitté.

Incidence de la révolution

Le culte de la déesse RAISON, substitué au culte catholique dont on parodiait les costumes et les cérémonies, fut célébré dans l’église avec l’effervescence qui accompagnait en tous lieux ces exhibitions grotesques. La célébration des décades et des fêtes de la Nation était rigoureusement ordonnée les peines sévères étaient infligées aux indifférents. Puis ce fut le retour de l’Etre suprême proclamé par ROBESPIERRE en 1794, ensuite vinrent les théophilanthropes, disciples de HAÜY et de LAREVEILLERE-LEPEAUX, sous le directoire ; cette secte qui chantait des hymnes religieux tirés de nos poètes lyriques préparait involontairement, par la transition des idées, un retour prochain à la religion de nos pères.

Le 22 septembre 1798, pour la fête de la Fondation de la République, DESPREZ prononce un discours. Un cortège rassemble les instituteurs et leurs élèves, la garde nationale, les administrateurs municipaux et les militaires pensionnés du canton et se rend à l’autel de la Patrie. Les paroles de l’ancien curé DESPREZ et l’exhortation du citoyen DELIEGE sont couvertes d’applaudissements et suivis des cris de « Vive la République ». Les élèvent récitent une fable de La FONTAINE : Le lion, la chèvre et la brebis, et quelques versets patriotiques tirés des œuvres de Corneille. Sous la Halle on recommence en y ajoutant quelques chapitres du catéchisme républicain.

Cette année 1798 voit encore à Sermaize l’installation d’une brigade de gendarmerie, dans l’ancien prieuré. Chef lieu de canton, Sermaize doit céder son titre à Thièblemont en 1800. Le 1er septembre 1811, Napoléon autorise la commune à racheter le presbytère pour y loger le curé CUNY. Les invasions de 1814 et 1815 furent une expiation des idées conquérantes de Napoléon 1er. On sait que la Champagne fut, dans les premiers mois de 1814, le principal théâtre du drame et que, malgré les victoires de Saint-Dizier, de Brienne, de Champaubert et de Montmirail, il fallut subir la loi des vainqueurs. Le 29 janvier 1814, époque de la bataille de Brienne, un détachement prussien de 2.000 hommes de cavalerie et d’infanterie commandé par le Comte Hencken de DANNERSMARCK arrivait à Sermaize. Le général prussien fit de nombreuses réquisitions de chevaux et de voitures pour le service de la troupe ;
Pendant les deux jours que dura cette occupation l’on dut abattre bien du bétail et épuiser toutes les ressources. Après leur départ, c’est au nom de l’Empereur que l’on fait de nouvelles réquisitions.

Un ordre du quartier impérial de Saint-Dizier du 27 mars 1814 ordonne d’envoyer :

  • 2.000 livres de pain
  • 30 sacs de farine
  • 50 sacs de blé
  • 8 bœufs
  • 200 sacs d’avoines

Pendant ce temps, les bois communaux sont dévastés par des maraudeurs.

1815 – les cent jours ramenèrent l’ennemi qui, vainqueur à Waterloo, vint établir des cantonnements de troupes sur les routes qui conduisent à l’Allemagne, nouvelles charges, nouvelles exactions, nouveaux délits forestiers.

La paix revenue avec la seconde Restauration, cicatrisa lentement les plaies de la guerre ; l’administration communale commença à respirer et songea à améliorer l’état matériel du bourg.

La version de votre navigateur est obsolète et votre appareil est exposé à des risques de sécurité.

Pour profiter d'une expérience optimale sur ce site il est fortement recommandé de mettre à jour votre navigateur ou d'en installer un autre :